Il y a quelque chose de profondément hypocrite et lâche dans la manière
dont les diplomates européens font rituellement fuiter leur rapport
annuel sur Jérusalem. Cette année, ils ont choisi de déposer le rapport
« confidentiel » dans les mains du Guardian *.
Il est clair que les Européens - et les Américains - veulent que la
nouvelle qu’ils sont très en colère contre Israël soit diffusée aussi
largement que possible dans le sillage de la victoire électorale de
Netanyahou. « Nous sommes furieux et nous n’en supporterons pas
davantage ! » s’égosillent-ils - une fois de plus, exactement comme ils
l’ont fait tout au long des quatre ou cinq dernières années.
Comme à chaque fois, le rapport est qualifié de « percutant » ; comme
à chaque fois, il menace Israël de sanctions ; et comme à chaque fois,
cela ne signifie rien.
C’est une mise en scène dérisoire destinée à nous faire croire – à
nous qui avons une conscience - que nos représentants se sentent
concernés et qu’ils envisagent - à moment donné - de faire quelque
chose. Mais ce que ce jeu d’ombre indique vraiment, c’est que tout cela
se soldera par quelques vaines menaces. Ils brandissent ces menaces
depuis plus d’une décennie. Et même si l’Europe se décidait vraiment à
les exécuter, elles n’auraient pratiquement aucun impact sur Israël.
Voilà en quoi consistent ces « menaces » :
- L’accès à l’Europe de terroristes juifs connus pourrait faire l’objet
de « restrictions ». (On pouvait espérer que ces « restrictions »
étaient déjà en place.)
- L’Europe pourrait donner à ses consommateurs plus d’informations sur
les produits « made in Israel » fabriqués en réalité dans des colonies
illégales. (Ces produits ne devraient même pas se trouver sur le marché
européen.)
- Et les efforts pour « sensibiliser » les entreprises européennes au
fait qu’être associé avec les colonies pourrait nuire à leurs affaires
seront intensifiés. (Si c’était le cas, les forces du marché devraient,
selon l’idéologie du libre marché, suffire à dissuader la plupart des
entreprises de ce genre d’association - après tout, elles sont censés
vouloir maximiser leurs profits).
En bref, cette liste de « sanctions » potentielles est du vent. Que
dalle. Et toute personne qui prétend le contraire, y compris le
Guardian, est tout simplement complice de cette mascarade diplomatique.
Note :
* Jonathan Cook a obtenu le Prix Spécial de journalisme Martha Gellhorn. Ses derniers livres sont Israel and the Clash of Civilisations : Iraq, Iran and the to Remake the Middle East (Pluto Press) et Disappearing Palestine : Israel’s Experiments in Human Despair (Zed Books). Voici l’adresse de son site : http://www.jonathan-cook.net.
Photo : AFP - Une jeune femme palestinienne crie sa colère face aux forces
israéliennes d’occupation qui empêchent les fidèles de se rendre à la
Mosquée d’Al-Aqsa à Jérusalem, le 13 octobre 2014 -
Info Palestine
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