samedi 17 juin 2017

Refuser les pleins pouvoirs au Président

-"La perspective d’un groupe à l’Assemblée nationale reste ouverte avec la mobilisation des quartiers populaires et de la jeunesse"Patrick Le Hyaric      

L’accumulation des déceptions, des souffrances et le manque de perspectives combinés à une mécanique institutionnelle écrasante qui donne la primauté au Président de la République, continuent de produire un puissant cataclysme.

La disposition des forces politiques est totalement bouleversée. Les deux partis hier dominants et qui prétendaient installer un bipartisme à la française sont écartés de la scène. De chacun d’eux sont sortis d’anciens ministres et élus pour rallier le nouveau parti de M. Macron afin d’échapper au naufrage et de se faire réélire. Confirmation éclatante, comme nous n’avons cessé de le relever ici, qu’il n’y avait pas de désaccord fondamental entre eux. C’est ainsi que les candidats portant le label du Président de la République réalisent le score le plus élevé. Ils seront, après le deuxième tour, rejoints par d’autres, venus des deux camps, qui piaffent d’impatience d’abandonner leurs anciens positionnements respectifs.
Au total, beaucoup, beaucoup de députés voteront, au plus vite, de mauvaises lois contre le monde du travail et de la création, contre les chômeurs et les jeunes ! La correction de l’unanimisme parlementaire en préparation ne peut venir, d’ici dimanche, que d’une mobilisation exceptionnelle de celles et ceux qui ne se sont pas déplacés au premier tour. Dans les circonscriptions qui le permettent encore, ils ont le pouvoir d’élire des députés qui se battront contre les multiples projets de régression sociale et démocratique que le gouvernement dirigé par la droite a, par calcul, refusé de mettre sur la table avant les élections législatives. Rarement leur engagement personnel aura été aussi concret et décisif. Il ne sera possible qu’en surmontant les effets d’une propagande de tous les instants qui vise à les convaincre que tout est joué et que l’élection des députés est somme toute secondaire dans un pays où le Président, une fois élu, décide de tout. Propagande dont l’efficacité explique, pour une part, un niveau d’abstention inconnu dans une élection législative depuis … l’instauration du suffrage universel en 1848 !
C’est en quelque sorte à une attaque insidieuse contre la démocratie, contre le régime parlementaire, et par voie de conséquence contre la souveraineté populaire à laquelle nous assistons. Ce « retrait » des classes populaires a une profonde signification qui devra faire l’objet d’une profonde analyse. Non seulement ce n’est pas un bon signe pour la démocratie, mais tout indique que la crise de la représentation politique ne s’est pas évanouie avec l’élection de M. Macron. Elle pourrait même s’amplifier dans quelques mois quand nos concitoyens découvriront que, derrière de nouveaux visages, c’est la vieille politique au service des puissances d’argent qui s’appliquerait à partir de la caution d’une Assemblée Nationale devenue la simple courroie de transmission du palais de l’Elysée. Pourtant, après n’avoir réalisé qu’un quart des voix à l’élection présidentielle,  le parti du Président n’en recueille là que le tiers. Un score appréciable mais qui n’autorise pas à conclure qu’une majorité de nos concitoyens approuve les projets d’ordonnances pour précariser encore plus le travail et affaiblir la défense des salariés, augmenter la contribution sociale généralisée tout en abaissant l’impôt sur les grandes fortunes,  pour instaurer un État d’urgence permanent ou encore réduire le nombre d’agents des services publics. En vérité il n’y a ni adhésion, ni élan supplémentaire en faveur du Président de la République. Il tire sa force de l’abstention et de la trop grande division des forces de gauche qui se réclament de la transformation sociale et environnementale.
Même affaiblie, l’extrême droite reste une force importante dont les idées de division, de haine, de racisme doivent être sans relâche combattues. Malheureusement, la gauche ne sera pas présente dans un nombre important de circonscriptions.  Raison de plus pour relever le défi, là où c’est encore possible, en unissant les forces qui se sont portées au premier tour sur la France insoumise, le Parti communiste, des socialistes, des écologistes, de l’extrême gauche, augmentées de celles et ceux qui se sont abstenus. Il n’y aura pas de troisième tour alors que la perspective d’un groupe à l’Assemblée nationale reste ouverte avec la mobilisation des quartiers populaires et de la jeunesse, de tous ceux qui ont fait le choix de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle.

Il s’agit ni plus ni moins que de corriger les effets dévastateurs du présidentialisme et de faire vivre le pluralisme politique indispensable à la vie démocratique. Donner les pleins pouvoirs à un seul homme n’appartient pas à notre patrimoine progressiste !

Patrick Le Hyaric

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