Intervention
sans mandat, bombardements de civils, utilisation d’armes illégales au
phosphore et à l’uranium appauvri, de nouveaux crimes de guerre viennent
s’ajouter à une liste déjà très longue.
La guerre menée par les États-Unis et leurs alliés est, comme en Irak en 1991, une « sale guerre » qui ne dit pas son nom.
La guerre menée par les États-Unis et leurs alliés est, comme en Irak en 1991, une « sale guerre » qui ne dit pas son nom.
Alors
que les grands média internationaux se sont déchaînés sur la bataille
d’Alep, accusant l’armée syrienne et ses alliés russes de divers
« crimes de guerre » dont il s’est avéré, depuis, qu’il s’agissait de
« fake news » diffusées par les forces rebelles, un grand silence
entoure les opérations menées à Raqua (contrôlée par l’EI) par les
Forces démocratiques syriennes (à majorité kurde), armées et soutenues
par les bombardements de la coalition américaine. Une commission
d’enquête de l’ONU présidée par Paulo Sergio Pinheiro, vient, cependant,
de faire état de 300 victimes civiles, au moins, et du déplacement
forcé de quelque 160 000 personnes.
« Nous n’avons relevé que les
victimes des bombardements, soit environ 300 civils, dont 200 sur un
même lieu, le village d’al-Mansoura », a déclaré Karen Koning AbuZayd,
l’un des membres de la commission. Le Pentagone, qui intervient sans
mandat de l’ONU et sans accord du gouvernement syrien, parle d’
« opération de niveau limité ». Les Américains ont, en outre, attaqué
les forces syriennes gouvernementales au cours des dernières semaines, à
plusieurs occasions, sous prétexte de « protéger (ses) alliés FDS ».
Le
massacre des civils par les forces américaines et alliées est d’un tel
niveau que même l’organisation Human Rights Watch (HRW), très pro
étasunienne, s’est vue obligée de critiquer les conséquences des
opérations à Raqqa sur la population civile. HRW a, également dénoncé le
largage de bombes à phosphore blanc, illégales, par l’armée des EU sur
des zones résidentielles.
Uranium appauvri
Il
est, en outre, aujourd’hui certain, que l’armée des EU utilise des
munitions à l’uranium appauvri qu’elle avait expérimentées lors de la
première guerre d’Irak, en 1991. À ce titre, la Serbie vient de charger
une équipe d’avocats de réunir les éléments d’une plainte contre l’OTAN
qui avait déversé entre 10 et 15 tonnes d’uranium appauvri au cours des
bombardements, en 1999. Elle envisage de demander aux dix-neuf pays
membres de l’OTAN à cette époque, des compensations au titre de la
catastrophe écologique et sanitaires (cancers et autres pathologies), de
fournir la technologie et l’équipement nécessaires à la dépollution des
zones contaminées et des traitements médicaux.
Après la guerre du
Kossovo, en 1999, le Parlement européen avait réclamé, le 24 janvier
2001, l’interdiction de la fabrication, des essais, de l’utilisation et
de la vente d’armes à l’uranium appauvri « afin de préserver les
générations présentes et futures ». En outre, la directive 96/29/Euratom
stipule que tout produit dépassant une concentration de 10 000
becquerels par kilogramme, doit être confiné. L’uranium appauvri
présente une concentration 1500 fois supérieure à cette limite.
Une
loi fédérale aux EU (titre 50, chapitre 40, article 2302) stipule que
les armes à l’uranium appauvri correspondent à la définition des armes
de destruction massive pour deux des trois de leurs critères.
Depuis
la guerre d’Irak, les Étasuniens et leurs alliés occidentaux n’ont
jamais cessé d’utiliser ce type de munitions. Ils n’ont jamais reconnu,
malgré toutes les preuves scientifiques et les enquêtes
épidémiologiques, les conséquences de l’utilisation de munitions à
l’uranium appauvri sur l’environnement et les populations.
Le cas français
En
France, pays qui a produit et utilisé ces armements, la mission
parlementaire d’information, présidée par Bernard Cazeneuve, ex-Premier
ministre socialiste, a conclu, en 2001, à l’innocuité de l’UA, malgré
les éléments apportés, alors, par l’association AVIGOLFE (Association
des Victimes civiles et militaires de la Guerre du Golfe) et les
scientifiques dont elle s’était entourée. Bernard Cazeneuve a sans aucun
doute, été le défenseur le plus acharné du ministère français de la
Défense, dans cette affaire, niant sans nuance l’ensemble des
conséquences de la « sale guerre » du Golfe sur la santé des populations
et des hommes sur le terrain, soit un ensemble de pathologies
identifiées au regard de facteurs chimiques, biologiques et nucléaires.
Quinze
ans plus tard, et malgré le travail remarquable de la juge
d’instruction Marie-Odile Bertella-Geoffroy, « débarquée » en 2013, de
son poste au pôle santé du tribunal de grande instance de Paris, les
plaintes contre X déposées par les victimes ou leur famille dans le cas
de décès, ont, en 2016, « bénéficié » d’un non-lieu.
Dossier classé
sans suite, donc, par le nouveau juge du Pôle santé de la Justice
française, comme l’ont été ceux liés au scandale de la « vache folle »
ou de l’amiante, qui avaient été également instruits par la juge
Bertella-Geoffroy.
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