Objet : accès des ressortissants français au territoire palestinien et israélien
Paris, le 20 mars 2017
Monsieur le Président de la République,
Je dois attirer votre attention sur les conséquences graves pour les
ressortissants français du vote par la Knesset le 6 mars dernier d’une
loi interdisant l’entrée des territoires palestinien et israélien aux
personnes soupçonnées de soutenir les appels au boycott, au
désinvestissement et aux sanctions (BDS) envers Israël, tant que cet
Etat ne se conforme pas au droit international. En réalité, sont visées
par ces mesures toutes les personnes qui refusent et agissent contre la
politique israélienne.
Ainsi Hugh Lanning, président de la « Palestine Solidarity
Campaign », organisation britannique de solidarité avec la Palestine, a
été refoulé à son arrivée à l’aéroport de Tel-Aviv le 12 mars. Mpho
Masemola, ancien compagnon de Nelson Mandela, secrétaire national de
l’association des ex-prisonniers politiques de l’Afrique du sud a été
expulsé le 14 mars après 10 heures d’interrogatoire par six membres de
la "sécurité" israélienne, sans nourriture et avec les mains ligotées.
Il s’agit pour les autorités israéliennes d’interdire l’accès en
Palestine à toute personne susceptible d’apporter un témoignage de
solidarité. Cela se double d’une tentative de fermer Israël à tout
regard critique venant de l’extérieur alors que, dans le même temps, les
militants israéliens eux-mêmes sont inquiétés, à l’instar de Jeff
Halper, figure de l’opposition israélienne à la colonisation, qui a été
arrêté pour avoir été en possession de documents de propagande contre
l’occupation.
Cette dérive n’est pas nouvelle. Les membres de notre association
dont les patronymes évoquent une origine arabe ont plusieurs fois été
victimes d’un préjugé raciste qui les a fait refouler de façon
arbitraire, avec souvent une interdiction d’entrée en Israël de 10 ans.
Nous en avons informé très régulièrement le ministère des Affaires
étrangères auquel nous avons transmis un dossier récapitulatif
documenté. La nouvelle loi permet maintenant de passer de l’arbitraire
au système.
Tous les moyens sont mis en œuvre par l’appareil d’Etat israélien
pour s’en prendre aux acteurs de la solidarité, les ficher et les
menacer en France même, jusque dans leur vie privée, avec le relais de
hackers haineux.
Je vous demande, Monsieur le Président de la République, de prendre
toute initiative nécessaire pour garantir aux ressortissants français
l’accès au territoire palestinien et israélien dans les mêmes conditions
qu’est assuré l’accès des citoyens israéliens au territoire français.
Faute de mesure de réciprocité de la part des autorités françaises, le
gouvernement israélien se verrait renforcé dans son mépris envers toutes
celles et ceux qui critiquent sa politique et la France perdrait encore
de sa crédibilité en la matière.
Dans cette attente, je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, en ma profonde considération.
Taoufiq Tahani - Président de l’AFPS -
AFPS
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