samedi 25 février 2017

Marine : « le Code de procédure pénale doit s’appliquer à tous les voyous, donc à moi aussi ».

Gilles Devers      

Marine Le Pen fait son business politique en fustigeant l’Europe, lieu opaque où s’effondre la démocratie. Oki. Mais ce qui lui est reproché est d’avoir en siphonné l’argent européen, le nôtre, avec de pseudos parlementaires européens qui, loin de Bruxelles, travaillaient en réalité pour elle à Nanterre.

En mai 2014, le FN emporte les élections européennes avec 24,86% des voix et récolte 24 sièges au Parlement européen, ce qui donnait au FN droit à 20 postes d’assistants parlementaires. Rien à dire.
Mais en mars 2015, Martin Schulz, le président du Parlement européen, qui connait bien la maison, dépose plainte auprès du procureur de la République de Paris, dénonçant des emplois fictifs, avec une preuve bien solide : sur l’organigramme du FN à Paris, on retrouvait à peu près tous les assistants parlementaires, ce qui montrait que ces personnes, financées sur des fonds européens, travaillaient en réalité au siège du FN, en France. Une jolie truanderie.
Le parquet a fait les premières vérifications dans le cadre d’une enquête préliminaire (comme actuellement pour la famille Fillon), mais l’affaire paraissant sérieuse, il a en décembre 2015 passé la main à deux juges d'instruction du pôle financier, lesquels ont mandaté les super-pointus policiers de l'Oclciff (Office Central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales). L'information judiciaire a été ouverte pour des délits présumés d'abus de confiance et recel, escroqueries en bande organisée, faux et usage de faux, et travail dissimulé.
De son côté, le Parlement européen n’est pas resté inerte. Il a pris le plus flagrant, soit le cas de Marine le Pen et de sa pseudo assistante parlementaire, Catherine Griset. Catherine Griset est une amie personnelle et ex-belle-sœur de Marine Le Pen. Elle dispose d'un bureau à côté de celui de la présidente frontiste au siège du parti, à Nanterre. Elle sait tout ce qui passe à Nanterre, et rien de ce qui se passe à Bruxelles : le problème est qu’elle n’est pas été payée par Nanterre mais par Bruxelles, soit de 2010 à 2016, la somme 339 946 €.
Lundi, les flics ont procédé à une perquisition au siège du FN, pour récupérer  « la copie des disques durs des ordinateurs de deux assistantes de Marine Le Pen, dont celui de Catherine Griset ». Mercredi, Catherine Griset a été entendue la journée en garde-à-vue, pour être conduite le soir même chez les juges d’instruction, qui l’ont mise en examen pour « recel d'abus de confiance ».
« Recel », c’est profiter du délit commis par un autre. Mais quel peut-être cet autre ?...Qui a embauché Catherine Griset sur fonds européens, pour la faire travailler à Nanterre, au service de la présidence du FN ? 

Alors, Marine Le Pen mise en examen pour abus de confiance. Je respecte pleinement le travail des flics, et toutes les lourdeurs de procédure à assumer, avec peut-être une immunité parlementaire à faire lever. Aussi il n’y a pas de calendrier sûr, mais le recel reproché à Catherine Griset rend la mise en examen de Marine Le Pen inéluctable, comme auteur. Quand?

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