Que certains aient appelé de leurs vœux un compromis gribouillé sur
un coin de table entre Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon,
rétrospectivement, donne des sueurs froides !
Si « La France insoumise »
s’est donnée la peine de bâtir un programme, on suppose que ce n’est
pas pour se livrer, en catimini, à des marchandages pré-électoraux avec
une social-démocratie moribonde. Le péril semble écarté, mais c’est le
moment de rappeler quelques évidences.
Il faudrait l’admettre une
fois pour toutes : M. Hamon n’est qu’un margoulin chargé de recycler la
vieille garde d’un parti vermoulu qui contamine tout ce qu’il touche. Ni
son programme de bric et de broc, ni ses concessions aux caciques
solfériniens, ni le ralliement alimentaire des girouettes écologistes ne
viendront démentir cette analyse. Ceux qui ont combattu la Loi-Travail
sous les crachats combinés du « Figaro », du FN, du MEDEF et de Manuel
Valls, par contre, en savent quelque chose.
Le pouvoir socialiste a
trahi ses engagements, il a failli à sa mission et berné le peuple. La
démonstration est plus que suffisante. Que M. Hamon se présente
aujourd’hui la bouche en cœur n’y changera rien. Durant toutes ces
années, que l’on sache, il a été ministre et député socialiste. Il vient
d’investir pour les législatives ceux qui ont poignardé dans le dos les
travailleurs de ce pays et ruiné l’indépendance nationale. Sa
candidature est une supercherie, une arnaque. C’est la voiture-balai des
rescapés d’un quinquennat de trahison.
Depuis 2012, ce dirigeant
socialiste a approuvé la politique étrangère d’une présidence qui a
battu tous les records de servilité atlantiste, d’arrogance
néo-coloniale et de veule soumission à la politique sioniste. M. Hamon
se réjouit de notre allégeance à l’OTAN, il répète comme un perroquet
les poncifs néo-cons sur la Syrie, il est un chaud partisan de
l’intégration européenne et ne voit aucun inconvénient à la politique
dictée par l’ordolibéralisme allemand puisqu’il se garde bien d’indiquer
comment y mettre fin.
Ses propositions en témoignent. Alors que
la monnaie unique européenne est une usine à chômage et qu’il est urgent
d’en sortir, M. Hamon veut la sauver. Comment ? En créant un parlement
de l’euro. Avec qui, et pour quoi faire ? Il paraît qu’on en rit encore à
Berlin. Il veut instituer le revenu universel, mais cette marotte
électorale signifie en réalité l’acceptation du chômage de masse. C’est
une idée néo-libérale déguisée en lubie progressiste, dans laquelle le
secrétaire général de la CGT, à juste titre, voit la « négation du
travail ».
Pour exécuter les diktats de la Banque centrale
européenne et asservir le pays aux multinationales, le PS a poursuivi
sous la présidence de François Hollande une démolition en règle des
acquis de la Libération que la droite n’avait jamais osé entreprendre.
Redoublant de zèle, les socialistes ont mené aussi loin que possible la
mise en cause des droits collectifs, chaque régression permettant de
franchir un nouveau seuil symbolique. M. Hamon a la bouche en cœur, mais
il est socialiste. Demain, s’il est élu, il fera la même chose.
Pour
ceux qui ont la mémoire courte, il faut rappeler que les droits des
travailleurs français ont été conquis de haute lutte. Sans les
occupations d’usines de l’été 36, les salariés ne partiraient jamais en
congés payés. Sans les combats héroïques de la Résistance et de la
Libération, la Sécurité sociale et les comités d’entreprise n’auraient
jamais vu le jour. Sans les grèves ouvrières de juin 68, la
revalorisation salariale exigée par la croissance des Trente Glorieuses
serait restée un vœu pieux.
Le parti socialiste, lors de ces
combats historiques, était aux abonnés absents. Léon Blum a pris acte du
rapport de forces en mai-juin 1936, puis il a saboté le Front populaire
en trahissant la République espagnole. La SFIO n’a joué qu’un rôle
secondaire à la Libération, où le général de Gaulle confia les
postes-clé aux communistes, qui ont créé la Sécurité sociale et promu
l’effort de reconstruction économique. En 1968, le PS était inexistant,
et c’est la CGT de Georges Séguy qui a négocié les accords de Grenelle.
Quant aux avancées de 1981, le PS les a reniées, en même temps qu’une
souveraineté dont il est avec la droite le principal fossoyeur.
L’expérience
historique sert quand même à quelque chose. Le rôle des socialistes,
c’est d’organiser une alternance au pouvoir purement cosmétique, dont le
principal résultat est d’empêcher une véritable alternative à la
tyrannie du capital. C’est de nous distraire de l’essentiel pour
garantir la pérennité d’un système dont la caste politicienne reçoit ses
prébendes. C’est de substituer à la véritable question, celle de la
répartition du produit social et de l’exercice de la souveraineté
populaire qui en est la condition, toute une série de contre-feux et de
querelles grotesques.
De la théorie du genre à l’antisémitisme, du
mariage pour tous au voile islamique, de la réforme de l’orthographe à
la gestation pour autrui, de la dépénalisation du cannabis au revenu
universel, le PS adore les controverses périphériques. Illusionniste par
goût et par profession, il a une dilection particulière pour ces écrans
de fumée qu’on jette aux yeux des citoyens médusés. M. Hamon va nous en
servir, de la poudre aux yeux, vous allez voir. La voiture-balai de ce
quinquennat d’imposture, elle aussi, est « en marche ».
Le Grand Soir
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