À la veille de la présidentielle, 30 personnalités
de tous horizons lancent un appel pour la défense de la francophonie et
de la diversité linguistique.
C’est l’heure du choix pour les candidats et pour les électeurs français : face à MM. Macron et Gattaz, chevaux de Troie du tout-anglais en France et en Europe, REPRENONS LANGUE !
Prenant la parole à Berlin dans le cadre de sa candidature à la présidence de la République… française, Emmanuel Macron a prononcé son discours en anglais « pour être compris de tous » (sic).
Le 11 janvier, s’exprimant sur France-Info dans l’émission de J.-M. Aphatie, le chef de file du MEDEF, Pierre Gattaz, a salué ce reniement macronien de la langue française en expliquant laborieusement que l’avenir de la Francophonie passe par l’anglais (M. Aphatie a relevé l’ « oxymore »), « langue universelle des affaires » : une assertion à la fois fausse et hors-sujet, sauf à réduire l’activité à venir d’un futur chef de l’Etat à une forme d’affairisme international. Le patron des patrons a même précisé que les jeunes Français devaient apprendre à « lire, écrire, compter » en anglais, même s’il a ajouté, pour adoucir l’énormité de son propos, que bien sûr ils devaient aussi maîtriser le français (on respire !).
Dans cette même émission, M. Gattaz a aussi expliqué
que pour « gagner », la France devait accepter les délocalisations
industrielles, limiter les droits sociaux et les garanties du code du
travail qui freinent, selon lui, les entreprises. La question est de
savoir si cette prétendue « France qui gagne » à l’international serait
autre chose, une fois privée de sa langue et de ses acquis sociaux,
qu’un « couteau sans manche dont on a perdu la lame »… Bref, une
« France » dénaturée dont ne bénéficierait qu’une minorité de
privilégiés.
De plus en plus il apparaît qu’une part croissante de
nos « élites » (?) économiques et politiques est déterminée à liquider
notre langue au niveau international comme au niveau national, quitte à
violer grossièrement l’article II de la Constitution, lequel dispose que
« la langue de la République est le français ». Déjà l’ex-président du
MEDEF et du syndicat patronal européen Ernest-Antoine Seillière avait
déclaré en 2004 qu’il n’officierait plus, en tant que patron de
Businesseurope, qu’ « en anglais, la langue de l’entreprise et des affaires ».
Déjà M. Kouchner, ministre des Affaires étrangères de N. Sarkozy,
affirmait lui aussi cyniquement que « l’avenir de la Francophonie passe
par l’anglais » (sic). Déjà, Mme Fioraso, ministre de F. Hollande, a
fait de l’anglais une langue universitaire en France au mépris de la loi
Toubon qui institue notre langue en « langue de l’enseignement ». Déjà
de grandes entreprises comme Renault ou PSA basculent toute leur
documentation interne à l’anglais en France même, sans parler de la
grande distribution qui privilégie l’anglais (Carrefour City, Simply
Market, etc...), des « services publics » et des ex-services publics
(SNCF, EDF, Orange…) qui affichent trop souvent leur publicité et leurs
enseignes en frenglish ou en mauvais anglais ; ni de la « France » qui
chante en anglais à l’Eurovision, des films tournés en anglais en France
sur subvention de l’Etat, des émissions intitulées en anglais sur des
chaînes publiques, etc.
Manifestement, l’aile marchante de l’oligarchie
politico-financière « française » a décidé, à l’occasion des
présidentielles, de franchir un seuil décisif dans l’assassinat
programmé de la langue nationale, qui est aussi, rappelons-le, la langue
officielle de dizaines de pays dans le monde : après la loi du silence
qui, depuis des années, interdit de fait aux grands médias de mettre en
débat le basculement linguistique insidieusement en cours en France,
voici que certains milieux – dont MM. Macron et Gattaz sont
l’avant-garde – passent à l’arrachage officiel, quitte à tenir à mi-voix
à l’égard du français d’hypocrites propos élogieux en forme de soins
palliatifs…
Nous refusons et refuserons avec acharnement cet
attentat cynique contre le peuple français et les autres peuples de la
Francophonie. C’est le moment ou jamais pour les amis du français et de
la Francophonie d’interpeller vigoureusement les candidats aux
prochaines élections, présidentielle et législatives :
- oui ou non, condamnez-vous l’attitude anti-francophone caractérisée de M. Macron et de ses « hampers » (ainsi se nomment ses partisans) ?
- oui ou non, ferez-vous enfin respecter et renforcerez-vous la loi Toubon, y compris en sanctionnant les « collabos de la pub et du fric » (dixit Michel Serres) qui ne recourent au français dans leur « com » que pour mieux le polluer et introduire le « Globish Business » ?
La résistance et le civisme linguistique sont
décisifs pour sauver notre langue, premier service public de France et
socle du lien social, pour imposer le respect dû à tous les Francophones
de France et d’ailleurs, pour sauvegarder l’égalité entre les citoyens
français dont l’écrasante majorité n’est pas « English Mother Tongue »
(1). Cette résistance est également vitale pour préserver la diversité
des langues qui n’importe pas moins à la culture mondiale que la
diversité des espèces n’importe aux défenseurs de la nature.
Au demeurant, Macron n’a pas seulement piétiné le
français en parlant anglais à Berlin, il a aussi humilié les
germanophones, qui ne sont pas tous censés parler la langue du
« business » macronien ! Il est vrai qu’en Allemagne aussi la trahison
linguistique fait rage à l’initiative du haut patronat : la société
Volkswagen ne vient-elle pas de passer toute sa communication
d’entreprise à l’anglais au mépris des ouvriers et des consommateurs
allemands ? Assez de ce totalitarisme linguistique, d’autant plus odieux
et ridicule que l’Angleterre est en passe de quitter l’U.E. si bien
que, légalement, l’anglais ne peut plus être la langue officieuse, et
encore moins la langue officielle, des institutions européennes !
Macron se donne des airs de « transgresseur » et de
« moderniste » en humiliant sa langue maternelle à l’international. Or
il n’y a rien de moins moderne que cet assassinat de la diversité
culturelle, rien de plus conformiste que cette allégeance au
tout-anglais et à ce qu’il signifie de soumission à l’Empire néolibéral
anglo-saxon…
Résistance ou collaboration linguistique, l’heure du
choix est venue pour tous les citoyens épris de dignité. Ensemble,
sauvons notre langue, et avec elle, la diversité linguistique mondiale,
de l’oppression du tout-anglais porté par le monde de la finance.
(1) = « langue maternelle anglais » : nombre d’offres d’emploi de postes de
hauts cadres réservées aux anglophones, ce qui revient à introduire
indirectement une préférence nationale à l’envers qui n’est pas moins
douteuse que son inverse.
Pour voir la liste totale des signataires, cliquez sur le lien -> agoravox.fr
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