Éducateur, un métier à risques ! Surtout à Nice. Surtout si on a une
gueule d’arabe. Cet épisode a amusé son héros qui signe sous le
pseudonyme Bob Pretends TobeBlind.
Mais imaginons chaque jour soupçons lourds, regards appuyés, contrôles
d’identité répétés et vexations diverses, parce que ta peau n’a pas la
bonne couleur, et nous pouvons comprendre les sentiments d’humiliation,
de frustration, de colère.
Hé ben, mes derniers jours d’éducateur sont décidément bien étranges.
J’étais ce matin sur les hauteurs de Cimiez, parti rendre visite à une
famille que je suis sensé accompagner (même pour très peu de temps), je
ne les connais pas encore.
Je me pointe donc avenue Sainte-Colette et j’arrive au portail d’un
petit immeuble (toutes mes familles ne sont pas à l’Ariane hein).
J’appelle madame X qui me dit « je vous ouvre le portail, montez au 3e
étage ». J’attends donc l’ouverture.
Là, une dame au volant de sa voiture arrive. Elle se met devant le
garage, moteur allumé, et attend… J’attends aussi en textotant à madame X
car le portail ne s’ouvre pas. C’est alors que la dame de la voiture
s’adresse à moi :
— Monsieur ? Qu’est-ce que vous faites là ?
— Heu… comment ça ? Je viens rendre visite à quelqu’un. Pourquoi ?
— À qui, je vous prie ?
— Heu… comment ça ? Je viens rendre visite à quelqu’un. Pourquoi ?
— À qui, je vous prie ?
Très polie, même si je sens les réflexes petits bourgeois calés
devant BFM. Mais je n’ai pas le droit de lui répondre, confidentialité
oblige, puisque j’agis dans le cadre judiciaire.
— Je viens simplement rencontrer quelqu’un qui vit ici, madame.
— Mais qui ?
— Désolé, je n’ai pas à vous répondre.
— Pourquoi vous ne voulez pas répondre ?
— Je n’ai pas à vous répondre, voilà tout. (Sourire crispé de ma part.)
— Mais qui ?
— Désolé, je n’ai pas à vous répondre.
— Pourquoi vous ne voulez pas répondre ?
— Je n’ai pas à vous répondre, voilà tout. (Sourire crispé de ma part.)
La dame entre dans sa voiture (toujours allumée, je comprends qu’elle
n’ose pas ouvrir son garage de peur que… que quoi, je n’en sais rien).
C’est vrai qu’à présent j’ai envie de mettre le feu à ses cheveux orange
et lui faire péter les agrafes de son lifting, mais je me retiens. Elle
sort son téléphone tandis que j’appelle madame X.
— Le portail ne s’ouvre pas et une dame qui a peur est en train d’appeler quelqu’un…
— Attendez… et là ça marche ?
— Non…
— Et là ?
— Toujours pas…
— Attendez… et là ça marche ?
— Non…
— Et là ?
— Toujours pas…
La dame s’adresse à moi, de l’intérieur de la voiture, elle n’ouvre
qu’un tout petit peu sa vitre. Il est acquis que je suis plus que louche
(d’origine tunisienne en plus !) et que dans mon sac à dos il y a
sûrement une hache, une tronçonneuse et du gaz moutarde. Voire des
makrouds ! D’ailleurs, je commence à sortir un pieu pour empaler la
vieille avant de l’énucléer, tout en l’aspergeant d’essence. Heu… je
blague, hein !
— Monsieur, je vous laisse une dernière chance de me dire qui vous venez voir dans l’immeuble.
— Ha ha une dernière chance ! Madame, je n’ai pas à vous répondre, je suis ici pour raisons professionnelles.
— Et bien vous devriez partir vite, j’ai appelé Stop Terrorisme !
— Quoi ?… pardon ?
— Ha ha une dernière chance ! Madame, je n’ai pas à vous répondre, je suis ici pour raisons professionnelles.
— Et bien vous devriez partir vite, j’ai appelé Stop Terrorisme !
— Quoi ?… pardon ?
Je n’ai à ce moment là vraiment aucune idée de ce dont elle me parle…
Stop terrorisme ? Ah oui, le numéro vert de délation qui est diffusé
partout, surtout ici à Cimiez. Certainement, ils ont dû recevoir ça dans
leur boîte à lettres. Il y a tellement de terroristes à Cimiez ! À
moins qu’elle ne soit si vieille, cette vieille toute vieille qu’elle
est tellement vieillie qu’elle a dû connaître la conquête romaine de la
Provence.
— Et j’ai dit à mon mari d’appeler la police.
— Mais pour quel motif madame ?
— Vous n’avez rien à faire ici. C’est privé.
— Je suis sur la route, mon vélo est attaché ici…
— Vous devriez partir. Ici nous sommes vigilants.
— Mais pour quel motif madame ?
— Vous n’avez rien à faire ici. C’est privé.
— Je suis sur la route, mon vélo est attaché ici…
— Vous devriez partir. Ici nous sommes vigilants.
Nouveau texto : Et là, c’est ouvert ?
Quelqu’un peut-il m’expliquer ce qui se passe ? Vous croyez que je
peux appeler le numéro vert pour la dénoncer ? Sans blague, elle était
tellement refaite et ressemblait tellement à un alien que j’ai eu peur
et voulais appeler la NASA !
Source : Bob Pretends TobeBlind
Le Yéti
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