À noter que contrairement à ce qui est indiqué dans cet article, il y a
bien eu une mobilisation à St-Etienne face au Beitar à laquelle a pris
part le Groupe local de l’AFPS [1] *
Le 17 août dernier, le club de football écossais, le Celtic
Glasgow recevait à Parkhead l’Hapoël Beer Sheva en Ligue des champions.
La Green Brigade est la section de supporters du Celtic la plus
impliquée politiquement. Connaissant ses affinités pour la cause
palestinienne, la police locale et l’administration du club ont
maladroitement prévenu qu’exhiber des drapeaux palestiniens pourrait
faire encourir des sanctions pour le club. Des dizaines de drapeaux vert
blanc rouge et noir ont donc fleuri lors du match.
Le Celtic, un club très politique
Le Celtic n’en est pas à ses premières amendes de la part de l’UEFA.
Il en a quasiment chaque année, parfois pour usage de fumigènes, souvent
pour des ilicit banners, c’est à dire des banderoles à message
politique. Or « politique » est un gros mot à l’UEFA. Les instances qui
gouvernent le football européen voient en ce mot ce qu’il faut bannir
des stades, le contraire du spectacle familial et consommateur dont ils
rêvent.
Mais s’il y a bien une ville où football et politique sont liés dans
le monde anglophone, c’est bien Glasgow. Glasgow, la plus grande ville
d’Écosse, est le théâtre du « Old Firm », le plus vieux derby politique
du monde. Paradoxalement, entre le Celtic, club de la communauté
irlandaise, et les Rangers, club des loyalistes, l’antagonisme ne
concerne pas du tout l’Écosse, mais le conflit séculaire entre Irlandais
et Anglais, ou plus violemment, entre sympathisants de l’IRA et
extrémistes de la maison d’Orange.
Nier que le Old Firm est politique, et parfois violemment politique,
c’est être aveugle et absolument personne à Glasgow ne le nierait. C’est
d’autant plus exceptionnel qu’en Angleterre, tout près, et sous les
projecteurs du championnat le plus riche et le plus médiatisé du monde,
le rêve du spectacle familial et consommateur y est abouti : En English
Premier League, un abonné au stade peut être banni s’il se lève trop
souvent de son siège.
Au Celtic, la Green Brigade est un groupe ultra particulièrement
politisé et revendicatif, aux jumelages (Sankt Pauli, à Hambourg…)
explicitement d’extrême gauche. En tant que représentant de la cause
irlandaise, de nombreuses autres causes sont considérées comme
« amies », et les démonstrations en faveur des Palestiniens ne sont pas
rares. Pour ces supporters, revendiquer l’expression politique de leur
tribune est plus important que les sanctions sportives ou financières
que peut endurer le club.
Le Beitar, un autre club très politique
L’affaire a fait du bruit au Royaume-Uni, mais au même moment, il est
passé inaperçu que l’AS Saint-Étienne jouait en Coupe d’Europe contre
le Beitar Jérusalem.
Le Beitar Jérusalem : voilà un autre club où les tribunes sont
violemment politiques. En Israël, le Beitar, qui tire son nom du
mouvement sioniste, représente le public de supporters les plus à droite
de l’échiquier politique. Dans les tribunes, et même en dehors, le
slogan « Mort aux Arabes » y est régulièrement chanté, aucun joueur
arabe (y compris arabe israélien, qu’il soit musulman ou chrétien) ne
peut jouer dans l’équipe. Le principal groupe ultra, La Familia, est
violent, de nombreux membres ont été condamnés en Europe et en Israël
pour violences, et le drapeau du Kach, le parti d’extrême droite
israélien interdit, flotte dans les tribunes régulièrement. Le Kach est
considéré en Israël et par l’Union européenne comme une organisation
terroriste. Cela ne l’empêche d’être visible dans les tribunes et cela
ne choque pas plus que ça les supporters médiatiques du Beitar, comme
Benjamin Netanyahou ou Avigdor Lieberman.
Le football en Israël n’est pas partout comme cela. Le grand rival du
Beitar, L’Hapoël Tel-Aviv est même exactement le contraire. Ses ultras
(comme les Red Workers) sont explicitement antifascistes, antiracistes
et de gauche. C’est d’ailleurs le cas de la plupart des clubs Hapoël.
Leur politique est même d’établir des relations avec les clubs arabes
israéliens (comme Bnei Saknin).
A Saint-Étienne, une rivalité « apolitique »
Ce jeudi 25 août, en match retour, le Beitar Jérusalem se déplace à
Saint-Étienne. Il y a un an, le club israélien s’est rendu à Charleroi
et la rencontre s’était très mal passée. Le Beitar a été sanctionné pour
comportement violent de ses supporters. Mais cela ne veut pas dire que
cela se passera mal ce jeudi.
Les supporters stéphanois, contrairement à ceux du Celtic, se
proclament apolitiques. Dans La Voix de la Nord, l’organe des Magic
Fans, ceux-ci avertissent qu’« aucun drapeau palestinien ou israélien ne
sera toléré en Kop Nord ». En d’autres termes, il y aura rivalité dans
les chants, dans les tifos, voire dans les fumis ou dans les
démonstrations de force, mais cette rivalité sera « apolitique ».
Par contre, les supporters du Beitar et les drapeaux qu’ils
brandissent, eux ne sont pas apolitiques. Mais, pour l’UEFA, il n’y a
rien eu de choquant au match aller. Pour la préfecture de police de la
Loire, il n’y a donc aucune raison d’interdire les déplacements de
supporters du Beitar.
Des dizaines d’interdictions
D’un certain côté, qu’un match de football puisse avoir lieu en
présence des supporters des deux camps est forcément une bonne nouvelle
pour quelqu’un qui s’intéresse à la politique des tribunes.
De l’autre, on ne peut pas s’empêcher de penser aux dizaines
d’interdictions de déplacements de supporters qui ont frappé les matches
en France ces deux dernières années, parfois pour des rencontres
complètement bénignes, parfois avec des justifications préfectorales
complètement ubuesques. Selon ces standards, il est impressionnant que
le curriculum vitae du Beitar ne fait pas sourciller.
Pendant ce temps, brandir un drapeau palestinien – le drapeau d’un
pays internationalement reconnu – va être sanctionné par l’UEFA alors
que des dizaines d’autres drapeaux nationaux, dont l’israélien, sont
visibles dans tous les stades. Et au même moment sont brandis des
drapeaux d’une organisation terroriste, sans susciter aucun commentaire,
lors d’un match de la même compétition…
Comme le Celtic, le Beitar est parfois condamné par les instances
européennes. Des amendes similaires dans les deux cas, pour des actions
politiques dont la violence et l’extrémisme n’ont aucune commune mesure.
La Green Brigade du Celtic a lancé un appel aux dons pour financer
les amendes éventuelles. Ses membres ont, pour l’instant, reçu plus de
cent mille livres (près de 117 000 euros) et projettent d’en profiter
pour aider des associations humanitaires palestiniennes. C’est déjà ça.
[1] https://www.bdsfrance.org/mobilisat...
* Ainsi que CAPJPO et Collectif 69 de Soutien au peuple Palestinien. (Rajout de Marissé)
* Ainsi que CAPJPO et Collectif 69 de Soutien au peuple Palestinien. (Rajout de Marissé)