Patrick Mignard
Dés que ces individus ont le pouvoir, ou une
part de pouvoir, la culture est la première à en faire les frais.
Il y a deux choses que haïssent les
néofascistes, ce sont d’une part, l’intelligence, celle qui permet de
comprendre, d’autre part, la différence.
Le cri de José Millan Astray y Terreros en
Octobre 1936 « À bas l’intelligence, vive
la mort » à l’Université de Salamanque en Espagne raisonne dans tout le
20e siècle et trouve des échos dans
tous les mouvements fascistes et nazis. On retrouve la même attitude chez Baldur
Von Schirach, chef des Jeunesses Hitlériennes : « Quand j’entends le mot culture je sors mon
révolver ». De manière générale tous les pouvoirs et mouvements
totalitaires ont brimé la culture qui permet l’expression de l’autre, de le
comprendre, de l’accepter dans sa diversité.
La culture, au sens large, ne peut exister
qu’en situation de liberté, sinon elle devient « officielle » et n’exprime que
ce que le pouvoir qui l’autorise veut qu’elle puisse exprimer… autrement dit une
idéologie fermée, sans ouverture sur autre chose que ce pourquoi elle est
autorisée.
La culture libre (pléonasme) est dangereuse
pour tout pouvoir qui a pour objectif d’enfermer la collectivité et l’individu
dans des certitudes et des dogmes. La « culture » qui s’écarte des canons
officiels ne peut donc être qu’une hérésie, bref une « sous-culture », voire
une « culture dégénérée ».
S’attaquer aux associations culturelles est
donc tout à fait logique pour des néo-fascistes. Il y va de la survie de leur
idéologie, donc de leur crédibilité « culturelle »… disons plutôt
« idéologique ».
La suppression des subventions accordées
aux associations culturelles permet de réorienter leurs budgets vers d’autres
secteurs : essentiellement la sécurité, la répression et le financement des
alliés « politiquement sûrs ». La suppression des subventions accélère la
disparition de ces associations, limite la liberté d’expression, démontrant par
là-même, du fait de leur inexistence, qu’elles n’avaient pas grand-chose à dire
(CQFD). L’ «épuration» des bibliothèques complète le tout. L’exil ou la
clandestinité restent donc les seules solutions pour ces associations qui, se
marginalisant, sont accusées de « cosmopolitisme » et d’associations étrangères
à la collectivité (CQFD).
Le tissu social s’appauvrit, permettant
toutes les démagogies – comme celle qui a fait accéder les néofascistes au
pouvoir. L’autoritarisme devient la règle et les difficultés sociales sont mises
sur le dos de boucs émissaires (juifs, arabes, roms, mal pensants, étrangers,…),
justifiant le renforcement de la répression,… le cercle infernal est
enclenché…
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